Céline Vidal, Director, Valuation Advisory Services
L’escalade des tensions géopolitiques, économiques et politiques est au cœur de l’actualité de ces deux dernières années. En a résulté une instabilité accrue sur les marchés financiers qui s’est matérialisée par une augmentation du coût du risque. Le ralentissement du ‘quantitative easing’ de la réserve fédérale américaine visant à contenir l’inflation galopante se traduit par une hausse des taux directeurs et une contraction globale de l’économie. De fait, les investisseurs se veulent prudents et adoptent une posture attentiste.
Les répercussions ont été d’autant plus flagrantes dans le monde du private equity où la contraction des deals depuis 2023 n’a cessé de se resserrer. Une timide reprise de l’activité est perceptible et l’attentisme des investisseurs, jusqu’alors tenace, s’assouplit avec une recrudescence des financements et deals depuis la fin du premier semestre 2025. Cette reprise est concentrée d’observe dans des secteurs spécifiques : big tech, intelligence artificielle (IA), semi-conducteurs et cryptomonnaies ont le vent en poupe. Les fonds de dette connaissent également un essor de leur activité, bénéficiant des évolutions du cadre réglementaire et démontrant une logique plus court terme des investisseurs ne souhaitant pas s’engager sur le long terme dans un contexte d’incertitude accrue.
Les impacts des tensions géopolitiques sont à étudier par secteur et ont des retombées diverses selon la nature de ces dernières. A titre d’exemples :
Tout d’abord, dans le domaine des technologies (semi-conducteurs, intelligence artificielle, cryptomonnaies). Ces activités ont connu un essor depuis la fin du premier semestre 2025 et ce après un ralentissement observé sur le premier semestre 2025 :
- La valorisation des entreprises fabriquant des semi-conducteurs reste incertaine à cause des restrictions à l’export et des risques de chaîne d’approvisionnement.
- La cybersécurité est renforcée massivement afin d’éviter et de prévenir toute attaque pouvant nuire à la souveraineté des données des états, des entreprises et des consommateurs.
- L’évolution des valorisations dans ces secteurs novateurs reste toutefois à observer de près car le risque de bulle spéculative n’est pas à exclure.
Les secteurs de la finance et des assurances ont également été impactés négativement au premier semestre. L’incertitude macroéconomique a joué en faveur d’une augmentation du risque sur les marchés dont le coût a augmenté. Cependant l’aversion au risque est de nouveau en hausse pour les raisons énoncées en introduction. Cette résurgence est matérialisée par une hausse du cours des cryptomonnaies et des valorisations des entreprises des domaines de l’intelligence artificielle et des semiconducteurs. On observe également une timide reprise des opérations M&A et des investissements dont la confirmation sera attendue pour la fin d’année.
Le secteur des transports et de la logistique a connu le même sort avec des coûts accrus causés par des détours maritimes, la hausse des carburants et la réduction de la fluidité du commerce mondial venant directement impacter les marges des entreprises du secteur.
Le secteur de l’énergie est en ligne de front avec la guerre en Ukraine. La dépendance de l’Europe au gaz russe a été mise en évidence en Allemagne ou de nombreux foyers ont dû opter pour des options alternatives de chauffage pendant l’hiver.
- Cette dépendance est persistante et appuyée par la difficulté de trouver des moyens alternatifs comme les énergies renouvelables dont la production est complexe à maintenir en flux tendu à haute échelle.
- Les prix du gaz ont augmenté significativement depuis le début de l’année en France avec des hausses comprises entre 6% et 10%. Cependant les prix de l’électricité ont bénéficié d’une baisse réglementaire avec l’instauration du tarif bleu mis en place en février 2025.
- Le secteur de la Défense et de la sécurité. Une hausse des budgets militaires des grandes puissances en anticipation et prévention de conflits armés en cours et à venir : la guerre en Ukraine, le conflit entre Israël et Gaza et le retrait des USA au sein de l’OTAN ne sont que quelques exemples.
En a découlé une hausse substantielle des valorisations des entreprises d’armement comme Thalès dont le cours de bourse a augmenté de 60% au premier semestre 2025. Depuis les valorisations boursières restent à un niveau stable, signe de l’intérêt soutenu des investisseurs pour ce secteur.
Conclusion : L’instabilité géopolitique croissante fait régner la prudence des investisseurs et accroit la volatilité sur les marchés. Cependant, l’émergence de secteurs porteurs de croissance et de nouvelles opportunités dans les secteurs traditionnels sont la cause d’un nouveau paradigme dans lequel les valorisations de certains secteurs se voient exploser. Elles portent un motif d’espoir pour les secteurs affectés à condition d’une bonne adaptation à ces nouveaux défis. A titre d’exemple, CMA-CGM a profité de la situation d’incertitude des tarifs douaniers pour signer un deal d’ampleur avec Le Etats-Unis.
La résolution des conflits internationaux est la condition pour une reprise franche de la croissance dont la dynamique est altérée depuis la période COVID. Le dénouement des tarifs douaniers américains d’ici à fin 2025 va également aussi jouer un rôle phare dans l’évolution de l’inflation et de la direction des taux directeurs.
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